Rencontres des cépages modestes 2011
Conclusions
André D. : Un petit mot pour conclure, avant de céder la parole à Philippe Meyer. Je vous dis merci en leurs noms à tous, en tant que co-fondateur de ces « Rencontres des cépages modestes » et fondateur et animateur d'un magazine qui s'appelle WineTourisminFrance.com qui s'intéresse au tourisme du vin en France, mais aussi à tout ce qui est le patrimoine vitivinicole, patrimoine viticulturel, si on peut dire.
Les cépages modestes relèvent la tête. Ils savent maintenant qu'ils n'ont pas que des parents isolés, mais qu'ils peuvent compter sur une famille. Une vraie famille de gens qui se serrent les coudes et qui lèvent aussi le coude ensemble, une vraie famille qui est d'accord sur tout et s'engueule sur pas mal de choses, une famille avec des parents compétents, passionnés, consciencieux et prêts à la lutte, une famille qui a ses parrains, donc heureuse d'avoir créé cet événement autour de Philippe Meyer, une famille qui a son « Indignez-vous! », son Stéphane Hessel, en la personne de Robert Plageoles. Une famille qui a son lieu, je crois pour quelques années, son lieu dans cet Aveyron d’où sont partis à la fois des conquérants de Paris et des vignerons d'Argentine, une famille qui a de l'avenir et qui va s'agrandir à l'échelle internationale, pourquoi pas, à l'échelle européenne et une famille qui vous donne donc rendez-vous l'année prochaine ici pour ce bel événement.
Philippe Meyer : J'ai peu de choses à ajouter. C'est vrai que, lorsqu’avec Jean Rosen il y a quatre ans, puis avec André Derrieux qui s'y est joint, puis Emmanuel Giraud, Antoine Pavageau, Alexis Dupont, Augustin Sénart et Thibault Lahanque, qui nous a rejoints le dernier, last but not least, on a en effet réussi à donner une vraie préfiguration, un vrai visage à ces rencontres. C’est à partir de ces préfigurations, avec toutes leurs imperfections, que nous allons pouvoir continuer.
Évidemment, je remercie beaucoup le Couvent de Malet (l'association loi de 1901, parce que couvent et bâtiments sont séparés). C'est un grand plaisir de pouvoir travailler ici, vous avez vu hier le dynamisme avec lequel ces religieuses, qui n'ont plus tout à fait vingt ans, sont jusqu'au dernier moment à veiller au grain. C'est aussi le signe de la qualité de l'ensemble, de la qualité de l'accueil. Je remercie beaucoup Jean-Marc Auméras qui a été, depuis le début et jusqu'à maintenant, le chef d'orchestre discret de la meilleure partie de ces dégustations, et puis bien sûr aussi, tous les vignerons pour ce qu'ils ont apporté.
Je parle en mon propre nom. Je ne suis déçu de rien, mais frustré de quelques choses, et j’ai notamment une question qui devra être abordée dès notre prochaine rencontre : comment faites-vous connaître votre travail et le vin que vous élevez ? Parce qu'il faut faire attention à une chose, c'est que d’un côté, de plus en plus de cépages ont été récupérés, de plus en plus de vignerons et en particulier de jeunes vignerons, et de l'autre côté, il y a de moins en moins de buveurs, ou de plus en plus de buveurs de ce vin uniformisé vanté avec des moyens bien plus considérables que les nôtres, ce vin qui, comme le disait un de mes amis à propos d'un vin d'origine étrangère dont je ne dirai même pas le pays, ressemble à de l’Évian fruité alcoolisé (pour ceux qui ont connu l'Évian fruité, ça ressemblait à quelque chose comme le thé à l'arôme de pêche qui n'a jamais vu d'arbre, et si vous imaginez qu'on ajoute de l'alcool, ça donne ça).
C'est à ça aussi qu'il faut réfléchir, et c'est pour réfléchir à ça qu'il faut élargir les invitations. C'est compliqué parce qu'on a vu que dans les trois débats, certains sont allés au plus technique et étaient juste à la limite d'une conversation entre spécialistes, mais d'autres au contraire, comme celui de ce matin, étaient accessibles à tout le monde. C’est compliqué aussi parce qu'à travers ce que vous avez dit les uns et les autres ce matin, vous avez parlé de l'état de la société d'aujourd'hui, son hyper-réglementation, la manière dont des initiatives individuelles se heurtent à des obstacles qui sont quelquefois même souvent incompréhensibles et très difficiles à lever, ou qu'on ne peut lever que trop tard. Je pense que ce sont des points sur lesquels il faut absolument se pencher ou réfléchir, comme il faut réfléchir aussi et peut-être parler avec les viticulteurs d'autres pays et même d'autres continents. C'est vous dire que les cent prochaines années et les cent prochaines rencontres seront faciles à occuper.
Juste une question avant qu'on se sépare : est-ce que pour vous cette période est une bonne période ? Est-ce que vous imaginez qu'on se retrouve le week-end de la Toussaint ici l'année prochaine ? D'ailleurs les rencontres pourraient être un petit peu plus longues. Celles-là ont été voulues très courtes parce qu'on ne pouvait pas en organiser davantage et encore une fois, elles ont fini d'être organisées au dernier moment.
Sur cette question d'organisation, il me reste à joindre mes remerciements à ceux de l'ensemble des organisateurs de ces « Rencontres » pour vous dire : à la prochaine et bonne santé ! Si elles vous ont plu, faites-les connaître.