Rencontres des
cépages modestes

Vous avez dit « modestes » ?

 

Qu’on ne s’y trompe pas : le qualificatif de modestes n’est nullement dépréciatif.
En termes ampélographiques, la « modestie » s’oppose à la « noblesse », celle, affirmée, d’un certain nombre de cépages — le Pinot noir, le Chardonnay, le Merlot, le Cabernet sauvignon, le Riesling, etc… — qui peuvent fournir des vins extraordinaires quand ils sont dans leur terre d’élection. Mais comme ils sont dits « nobles », on leur a fait quitter leur berceau d’origine et ils sont allés s’égailler (et perdre leur âme ?) dans le monde entier.
Il importe de considérer la modestie dont il s’agit ici comme une valeur humaine, éminemment respectable. Une valeur d’avenir, une valeur durable. La modestie ampélographique ne vise pas la compétition, le toujours mieux, le toujours plus. Affirmation déterminée de fondamentaux très simples et authentiques, elle revendique une existence assumée, déterminée, et refuse les superlatifs, à la recherche d’une vérité locale, une histoire de quelque part.
Les cépages « modestes » sont bien chez eux, reflet du rapport intime et irremplaçable entre la nature d’un endroit bien précis et un homme, le vigneron, qui entend faire quelque chose qui lui convient, continuer à écrire de son mieux et dans la durée une page commencée il y a longtemps.

Jean Rosen, dit Petit Verdot, vice-président des Rencontres des cépages modestes.